Salle V | Renaissance, Manièrisme
Un extraordinaire objet liturgique est présent dans cette salle : le candélabre de bronze réalisé par Francesco di Giorgio Martini (1439-1502) pour la cathédrale. C’est le duc d’Urbino Federico da Montefeltro qui l’a commandé car il avait déjà apprécié l’habileté du siénnois à construire des hallebardes et des bombardes,, il l’a donc chargé de la supervision de la construction du palais ducal, après la d’Urbino de Luciano Laurava (1420-1479). Dans l’éclectisme de l’environnement artistique urbinate de la seconde moitié du XV° siècle et du début du siècle suivant, se trouvent des œuvres qui parlent un langage qui fait référence aux Maîtres de la culture toscane et de l’Italie septentrionale. En suivant le parcours diachronique, les œuvres illustrent le Maniérisme du XVI° dans le duché avec des représentants de choix du panorama local, comme Giustin del Vescovo, dit « L’Episcopi » (?-1609) ou Pierantonio Palermini (mort en 1538) qui anime le tableau de la Vierge à l’Enfant et saints, à travers une composition complexe qui met en lumière la virtuosité de l’artiste dans la représentation des personnages. Des noms importants de la scène nationale comme Siciolante da Sermoneta (1521-1580) et Pierpaolo Menzocchi (vers 1530-1589) ont transmis la savoir de Raphaël, Michelangelo et de tout le milieu artistique romain du début du XVI° dans toute la péninsule italienne et au-delà de ses frontières. Michel-Ange était engagé dans la formidable entreprise artistique de la Villa Impériale de Pesaro. Les petits tableaux reprennent le style de Raphaël, prises d’épisodes en fresque de pièces du Vatican sont un témoignage de la diffusion du style. Dans son interprétation du Christ à la colonne réalisé par la Confraternité de la Sainte Croix, Federico Zuccari (vers 1540-1609), originaire de Sant’Angelo in Vado, traduit les douleurs de chaque homme à travers le corps martyrisé du Christ. On trouvera aussi des œuvres qui racontent d’autres tendances artistiques qui se sont affirmées en Italie au XVI° siècle, qui se distingue par la pluralité et la complexité de ses voies. Le peintre Scipione Pulzone (1530-1590) est une expression canonique de la veine intimiste de la Contre-Réforme de l’Eglise catholique qui, en exploitant le thème de la Vierge à l’Enfant, enlève le langage pathétique des sentiments à cette fresque sur laquelle est représentée une tête de femme, peut-être Madeleine et raconte l’expérience classique et l’aspiration au beau idéal d’un peintre anonyme qui a été formé à Bologne au XVIII° dans un milieu dominé par ce grand maître qu’est Guido Reni (1575-1642).